« Les changements climatiques, avec leurs impacts biophysiques, sociaux, économiques et politiques, ne sont plus seulement à considérer comme un problème technique mais aussi comme un enjeu nécessitant des réponses et des stratégies adaptatives et créatives impliquant la prise en compte de différentes formes de savoirs et la dimension culturelle des sociétés. C’est d’autant plus vrai pour les écosystèmes et communautés côtières soumise à de très nombreuses perturbations locales et globales. »
De nouvelles données scientifiques révèlent que la capacité des océans à absorber le CO2 et à réguler les températures évolue d’une manière que nous ne comprenons pas. Ces changements cruciaux ne sont pas pris en compte dans les objectifs climatiques : c’est un risque que nous ne pouvons plus prendre. Avec le soutien du Fonds d’excellence en recherche du Canada, l’Université Dalhousie est à la tête d’une approche axée sur les océans pour lutter contre le changement climatique et doter le Canada des connaissances, des innovations et des opportunités nécessaires pour assurer un avenir climatique positif.
En savoir plusLa professeure Fanny Noisette est une spécialiste en écologie des systèmes côtiers et des changements climatiques. Titulaire de la Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins, elle mène avec son équipe des travaux sur la compréhension et la gestion des écosystèmes marins côtiers dans un contexte de changements globaux de l’océan.
Elle développe une démarche de recherche collaborative qui réunit des chercheuses et chercheurs des secteurs des sciences naturelles et du génie ainsi que des sciences sociales et humaines. Ses recherches se concentrent sur les écosystèmes côtiers à travers la lentille des systèmes-socio écologiques : systèmes intégrés couplant les sociétés et la nature. Ce théorique vise à redéfinir les écosystèmes en considérant l’ensemble des acteurs, y compris l’humain comme une composante active du système.
« La transformation des océans face aux changements climatiques et les impacts sur les communautés côtières sont complexes, multi-échelles et parfois insaisissables. Cette complexité peut être une barrière à la prise de conscience de la gravité d’une situation, au passage à l’action et à l’engagement dans des transformations profondes des pratiques.
En adoptant une double approche de l’analyse intégrée des systèmes marins côtiers, soit de l’individu à l’écosystème et interdisciplinaire, les travaux menés par mon équipe au sein de la chaire UNESCO ont pour objectif de faire avancer la réflexion sur la gestion et la conservation des systèmes côtiers face aux changements locaux et globaux que subissent les océans. L’intégration de différentes formes de savoirs permet non seulement d’améliorer le monitorage, la compréhension holistique et les prédictions des écosystèmes côtiers, mais également l’acceptabilité sociale des projets de recherches et l’engagement de la population dans le développement de solutions ».
Les zones côtières sont confrontées à une variété de défis complexes, avec des conséquences incertaines et principalement négatives pour les communautés côtières autochtones et non autochtones. Les herbiers marins et les forêts d’algues qui soutiennent des écosystèmes très productifs et fournissent des services essentiels aux communautés, comme le piégeage de carbone, sont exposés à de multiples facteurs de stress qui augmentent avec l’intensification de la crise climatique.
Les prédictions fiables sur le devenir de ces écosystèmes productifs nécessitent la mise en place de monitorage à long terme et le développement de modèles prédictifs incluant différentes variables associées à ces systèmes socio-écologiques. L’inclusion de différentes formes de savoirs et des perspectives de différents acteurs dans la surveillance des écosystèmes est essentielle pour co-concevoir des stratégies de monitorage capables de suivre efficacement les changements physiques, biogéochimiques et écologiques dans l’espace et dans le temps.
Cette co-construction est également un puissant moyen de combler le fossé entre les différents utilisateurs finaux, ayant droits et parties prenantes qui interagissent au sein de ces systèmes socio-écologiques.
« En s’alignant avec les thématiques de changements climatiques et la compréhension de la vie aquatique, identifiées comme objectif de développement durable par les Nations Unies, les recherches interdisciplinaires et partenariales développées au sein de Transforming Climate Action auront pour objectif de favoriser la réflexion et la mise en place de mesures et de politiques de gestion, ainsi qu’au renforcement des capacités des communautés côtières dans le domaine des sciences, de la technologie et de l’innovation sociale. »